Cédric Villani : « Voir les jeunes filles renoncer aux mathématiques est inquiétant »

ENTRETIEN | Le mathématicien Cédric Villani appelle à un renforcement des matières scientifiques dans le tronc commun au lycée.

           

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Annick Bousquet J’étais dans la même situation au collège: état de vide intérieur tellement abyssal que ça ne me dérangeait pas d’apprendre tout et n’importe quoi qui se retrouvait écrit sur le tableau devant moi, ça ne me venait pas à l’esprit de me poser des questions sur le sens de ce que je faisais, je faisais et c’était tout.
Puis en toute fin de 3ème j’ai eu un sursaut de conscience de moi même, je suis passée de vouloir me suicider à vouloir prendre ma vie en mains. Je me suis dit que si je continuais de faire des maths par soumission alors que je n’avais aucun intérêt pour les maths j’allais acquérir des compétences que j’allais me retrouver plus tard dans l’obligation d’exploiter puisque je ne saurais rien faire d’autre étant donné que j’aurai passé des années à étudier des trucs que je rêvais d’arrêter de pratiquer et pendant ce temps là je ne développais aucune compétence pour des choses que je pourrais aimer. Même si apprendre est toujours positif la question qui se pose n’est pas entre apprendre les maths ou ne rien apprendre mais qu’est-ce que tu décides d’apprendre pendant les quelques heures de vie dont tu disposes, le temps passe très vite: à la fin du lycée soit tu seras devenu meilleur dans ce que tu aimes, soit dans ce que tu n’aimes pas. Quelqu’un qui passe sa vie à accepter tout ce que la société lui met devant le nez en se disant que tout est toujours bon à prendre va devenir un clicher à la fin. Il est impossible de considérer que ne pas prendre de décision par soi-même pour soi-même et accepter sans que ça nous pose problème tout ce qui émane de l’autorité dont on dépend soit une qualité


Quand le président de l'université d'Harvard déclare que les femmes sont plus mauvaises en mathématiques car c'est physiologique... On se rend compte du chemin qu'il reste à parcourir... Les professeurs de mathématiques sont en majorité des hommes et cela joue aussi dans le fait que les filles ne se reconnaissent pas dans les sciences. Par contre une étude montrait à quel point les jeunes filles étaient moins sûre d'elles, donc un milieu masculin, plus une non représentation ne les poussent pas dans cette voie. En tous les cas bravos à celles qui ont réussies. Dîtes vous que même au XXème siècle lorsque Einstein est mort, d'éminents scientifiques étaient persuadés que son intelligence venait du poid de son cerveau, et de son sexe... Cela montre encore une fois tous le chemin qu'il reste à faire!


Mickaël Bievet Le niveau n’est pas nullissime en France, on est mieux classe, on a un niveau de recherche supérieur en maths. L’Ukraine est en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.
Du coup comment ça se fait ??
Je pense que c’est Parceque tous les journaux ont compare une année bien particulière (CM2) , ce qui ne veux absolument rien dire étant donné que chaque programme est différent , par exemple j’avais une correspondante allemande en seconde qui trouvait nos maths bien plus compliquées qu’en Allemagne , ça ne veut pas dire que le niveau allemand est plus faible, ça veut dire que cette année la , on couvrait des choses non couvertes par l’Allemagne.


Quartz Thaïs les besoins, on les crée, on les définit, on les alimente, ils sont assez largement discutables... On peut très bien en changer ou les modérer. Dans le même temps des gens surqualifiés dans d’autres domaines importants n’ont pas de jobs car on a supprimé des activités dont on considère ne plus avoir besoin alors que c’est aussi largement discutable. Je ne suis pas certain que ce dont ont le plus besoin nos sociétés aujourd’hui soit des matheux. Nombreux sont ceux, parmi eux, qui travaillent à des choses dont l’intérêt pour l’humanité et réellement discutable. Si on les employait à des choses réellement utiles, leur nombre actuel suffirait amplement… l’humanité n’a pas non plus pour vocation à satisfaire les désirs d’une de ses parties. C’est heureux que certains trouvent plaisir à faire avancer les mathématiques ou à s’en servir, mais ce n’est pas la seule activité humaine importante et loin de là et c’est heureux aussi de savoir que d’autres ne choisiront pas les mathématiques pour faire avancer d’autres facultés humaines. On ne vit pas pour répondre à des besoins surtout quand en plus ce ne sont pas les nôtres mais ceux des autres. Les humains ne sont pas des objets qu’on programme à devenir ce que nous aimerions qu’ils soient. Ils sont et font ce qu’ils pensent être bon, pour eux et pour la société. Si ce n’est pas des maths, ou leurs applications, c’est très bien aussi.


Annick Bousquet oui la maîtrise des Mathématiques est importante dans tous les métiers, encore faut il savoir de quels Mathématiques on parle... Lycéen je me suis senti totalement largué et relégué dans le " fond du panier" parce que je ne comprenais pas les exponentielles, les logarithmes népériens et j'en passe ... Je maîtrisais en revanche les bases, celles que l'on utilise au quotidien... Vivre sa passion des Mathématiques pourquoi pas, mais quand la discipline est subie, qu'elle contribue à vous mettre en situation d'échec, à vous dégoûter de l matière, je ne vois plus l'intérêt. Ceux qui aiment les Mathématiques, qui le désirent, qui ont besoin d'aller plus loin, ceux dont les Mathématiques sont en lien direct avec leur projet professionnel et bien foncez. Mais que cela reste une option...


Ce n’est pas le parcours universitaire qui fait la qualité, certes(mon père était PEGC). Mais d’un autre côté, j’ai corrigé des copies de concours de catégorie À de la fonction publique (ouverts donc à des BAC + 3) et qui ne maîtrisent même pas la concordance des temps dans leur langue maternelle!!!). Je ne vous raconte pas à quoi peut ressembler une dissertation ou une épreuve de maths! Alors pour avoir des profs qui soient dans les clous…ben…faut aller les chercher de plus en plus haut! Tous lis miterandiens des années 80 qui se félicitaient d’une génération de 80% de bacheliers sont devant leur réalité: la médiocrité


Hassan Abbadi ah ba oui, c’est bien connu, les ados choisissent librement sans être influencés par les médias, les films, les qu’en dira-t-on, les attentes familiales, les images societales… c’est étonnant comme ils sont d’un coup responsables de leur choix qu’en c’est plus simple air de remettre notre construction sociale en question. C’est le cliché de celui qui pense que le gamin de cité qui a des soucis familiaux a “choisi” de ne pas faire des études poussées. Oui, y’a des exceptions, et c’est bien heureux, mais il ne faut pas sous-estimer les entraves que chacun vit et qui compliquent la réalisation totale de chacun.


Sylvain Robin je veux bien reconnaître que les robots humanoïdes sortis des écoles de commerce, pour la plupart d’entre eux, ne servent à rien ; je veux bien affirmer aussi que les métiers les plus utiles sont ceux du soin aux êtres humains, sans maths. En revanche le post parle d’une inégalité issue de stéréotypes ridicules, et ça c’est une réalité ; ça me semble très bien que des (et des garçons), choisissent des filières non mathématiques, à condition que ce soit par goût, et pas parce que la société leur explique depuis des siècles que leur cerveau sonne creux.


Quartz Thaïs et vous parliez d’écologie. Actuellement le plus grand frein à la mise en œuvre d’actions radicales qui nous permettraient de faire face aux catastrophes annoncées ne se situe absolument pas dans le domaines des mathématiques mais dans celui de la conscience. Tout le monde ou presque sait compter sur la planète mais l’humanité est à cette heure incapable de sortir du déni sur le péril écologique en cours. Tous les savants du monde savent dire vers quoi on se dirige sans que ça produise pour autant un quelconque effet dans la population et compris parmi les mathématiciens qui n’échappent pas au déni sur le sujet … Sincèrement, les mathématiques sont utiles et elles l’ont toujours été mais ce ne sont pas elles qui sauveront l’humanité en tout cas à elle seule !


10ºJulie Brunet Comment pouvez-vous dire que l'on n'apprend rien à l'école! Quand on est petit en primaire, comment peut-on savoir ce qui nous servira plus tard? Je n'ai jamais eu d'élève qui ait quitté ma classe. Je n'aurais jamais accepté cette attitude. L'école n'est pas à la carte comme un restaurant. Si je n'avais pas insisté pour certains élèves, ils n'auraient même pas su lire. L'école c'est aussi l'école de la vie: on ne fait pas ce qu'on veut, comme on veut, si on veut. Les compétences naturelles n'existent pas forcément pour tous. Je me souviens d'élèves très doués en math ou en dessin et pourtant ils faisaient les deux matières. Et pour vous, quel serait le "programme de base"?




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