Récit d’une fin de vie face aux insuffisances de l’hôpital : « Je m’épuise dans des démarches qui n’aboutissent pas. Mon père, lui, s’enfonce »

Vanessa Schneider, grand reporter au « Monde », raconte les derniers mois de son père, l’écrivain et psychanalyste Michel Schneider, décédé d’un cancer en juillet 2022. A l’heure où la question de la fin de vie s’impose dans le débat public, ce récit en dit long sur la faillite de la prise en charge des patients condamnés.

           

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Je viens de vous écouter attentivement dans l'émissions c'est à vous " et votre témoignage est bouleversant concernant votre père et sa fin de vie !!Imaginez un instant ce que vis quotidiennement la France qu'on appelle d'en bas alors que vous même avez subis l'inhumanité du monde médical !!On a renvoyé chez lui ,une personnalité comme votre père ,un homme de pouvoir et on vous a fait comprendre qu'il ne mourait pas assez vite et que ça coûtait cher !!Je vous dirais juste bienvenue dans la réalité de notre société ,de la vraie vie ..... que beaucoup de citoyens subissent et qui eux n'ont pas de tribune pour exprimer la violence immense du fonctionnement des institutions de notre pays !!


Votre récit me bouleverse. J ai tout comme vous perdu mes parents coup sur coup, du temps des "confinements". La douleur reste vive. Ce n'est pas l inéluctable le plus douloureux, mais l impossibilité de nos systèmes de santé à assurer une fin digne et décente à chacun. Mes parents agonisants dans des douleurs ingerables, maladie de charcot pour l un et cancer stade terminal pour ma mère, n ayant pu être acceptés en soins palliatifs sont décédés dans des douleurs innomables et des couloirs déserts . Et, je ne pense pas, en vous lisant, qu ils ont été des cas isolés. Une fois le verdict posé, " C est foutu", "mais en plus il ou elle souffre" on accède à un nomanland, où on vous dit clairement, "on ne peut pas gérer, on n a pas ni le droit, ni les moyens de prendre des responsabilités que prendrez des soins palliatifs ," reprenez votre agonisant". Un an plus tard, je n essaie pas de me dire qu avec des si, ils seraient vivants, mais je reste traumatisée par le fait qu en france nous ne faisions pas des fins de vie decentes une priorité societale. Le calvaire de votre père et de mes parents, n honore pas notre beau pays, et la covid ne justifie pas la banalisation de ces ratés, merci pour votre témoignage...
Maud Manonni dans les années 80 dénonçait déjà ses inquiétudes dans son ouvrage "le nommé et l innommable"sur ce sujet.


Vanessa schneider , je viens d'entendre votre témoignage sur la 5 . Il est arrivé la même chose avec mon mari , à l'hôpital il a arraché la sonde et pour cette raison il lui ont donné de grande dose de relaxant musculaire ( médicament qui met les muscles à plat ) . Chez mon mari les reins ont bloqué après une immunothérapie . et puis les reins se sont à nouveau mis à fonctionner et donc plus d'œdème , je l'ai donc rentré à domicile puis il a été suivi par la HAD et il se sont acharné en lui donnant de plus en plus de relaxant . Il fallait absolument qu'il meurt !! Je suis intervenue à ce qu'ils arrêtent ce myolaxan , en leur disant que je ne suis pas d'accord et que je n'ai pas signé la loi Léoneti , mais rien à faire , il faut dire que mon mari n'avait pas de douleur .Mon mari est parti le 8 décembre 2021 . Même si il y a une loi ,ils ne la respecte pas . Depuis je vis avec cette douleur d'impuissance . Il faut que ça change , on ne peut pas faire mourir les gens alors qu'il se remettait . Je suis écœurée de la façon que ça s'est déroulée .....




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