Les gardiens du temple des procédés photographiques du XIXᵉ siècle

Daguerréotype, collodion humide, gomme bichromatée : ces techniques anciennes sont chronophages, complexes voire dangereuses pour la santé. Mais parce qu’elles n’ont pas d’équivalent esthétique, des passionnés les maintiennent en vie.

           

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Je pratique plusieurs de ces techniques (collodion humide, papier salé, calotype). Le problème vient du manque de reconnaissance en France, des connaissances (qui implique de la chimie, de la physique, des mathématiques et des connaissances en art). Certains pays européens on beaucoup plus de respect envers la photographie. Rappelons les subventions pour cette pratique sont risible en France.
« Chronophage » ? Un qualificatif étrange! Si on renversait plutôt le problème : les techniques de photos classiques (argentique et numériques) sont des techniques instantanées qui réduisent la valeur, la minutie et l’effort mis par l’artiste ou l’artisan pour arriver à un résultat. Comparez cela à de la production industrielle face à une production artisanale.
Le temps passé à créer une émulsion, créer des couches de chimies et les faire réagir pour arriver au bon résultat, l’exposition qu’il fait savoir calculer (il n’y a pas de mode auto en vielle technique) : c’est l’intérêt de ces techniques.
« Dangereuses » tout est dangereux quand on est inconscient de ce qu’on fait. Oui le collodion est explosif par exemple, d’autres chimies sont toxiques ou inflammables mais avec des bonne précautions il n’y a pas de danger


José Ortiz de Echagüe, tirage à la poudre de carbone, unique en son genre, jamais égalé par le numérique. Somptueux. Il y a aussi le polonais Andrzej Dragan, bien meilleur à ses débuts, avant que son "effet Dragan" submerge les yeux profanes et débutants...
Numérique qui pourtant peut reprendre toutes ces techniques anciennes chronophages, de moyens, de patience : combien de nuits pour quelques tirages aux sels d'argent, alors que quelques minutes sont nécessaires pour un résultat similaire... L'inconvénient du numérique, c'est la rentabilité inversée : des investissements beaucoup trop conséquents pour obtenir un fichier exploitable, mais qu'aucun écran ne peut décemment reproduire concernant la taille : il faut forcément imprimer pour aboutir à un rapport 1:1. Hasselblad, Alpa, Arca, Funikanon, Linhof, Phase One, Leaf... font du mercantilisme (du dos à 150 MP des fichiers traités sur une tablette 11 pouces, je pouffe encore) sous couvert d'excellence qui n'en est pas. A ce stade, la photo analogique devient bien moins onéreuse, et source de bien plus de satisfactions quand on a pour ambition un résultat final qui ne s'embarrasse pas d'objectifs gros comme une quéquette pour épater Kevin et Vanessa.


No Zihstak le problème vient du fait que quasiment personne n’est prêt à acheter des photos de ce type. Le nitrate d’argent coûte prêt de 10€ le gramme donc le prix d’une plaque 20x25cm (tintype / collodion) s’envole très vite. Doublé du fait que ce genre de procédé a beaucoup d’étape de préparation et qu’il est très simple de les rater (même avec beaucoup de précautions). Une erreur est souvent fatale ce qui augmente encore le prix de la photo. Je connais peu de personnes prête à inverser au alentour de 300€ pour une photo sur aluminium de 20x25 cm


Maksym Toussaint l'argentique n'a rien d'instantané... les grands photographes avaient tous leur développeur attitré qui savaient le rendu voulu par l'artiste. Mais de toute façon, peu importe la technique, le plus important reste le regard du photographe et l'émotion dans le résultat. Et je suis d'accord, le colodion donne des résultats sublimes et chaque image est unique et représente un travail monumental. Mais si on aime la couleur ou la photo de rue, ça marche tout de suite moins bien. Il faut de tout. Les techniques sont au service de la créativité. On choisit en fonction de ce qu'on veut obtenir à fin. Je ne crois pas que l'une ait plus de valeur que l'autre. Par contre certaines sont plus exigeantes. Faire du collodion demande beaucoup de matériel (coûteux et encombrant) des produits qu'on ne trouve pas facilement en France, il faut un local et effectivement de grosses connaissances physiques, chimiques, photographiques)... c'est pas à la portée de tout le monde, loin s'en faut. Et on peut avoir tout ça, maîtriser la technique de bout en bout, on n'aura pas forcement une belle photo à la fin... ah et même en numérique on a le mode manuel où l'on fait ses propres réglages (vitesse, ouverture, iso). Ce n'est jamais l'appareil qui fait le photographe. L'appareil et la technique ne font que libérer la créativité et ouvrir le champ des possibles...




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