Accouchement à domicile : un drame relance le débat entre soignants

Une semaine après le décès, en Ille-et-Vilaine, d’une femme qui avait décidé d’accoucher à domicile, le débat est vif sur cette pratique marginale mais qui interroge l’encadrement des accouchements.

           

https://www.facebook.com/lemonde.fr/posts/721864749974823

Plutôt que relancer le débat de l'accouchement à domicile, ce drame devrait relancer la question du développement des maisons de naissance qui ont déjà fait leurs preuves dans de nombreux pays. Ce dispositif permet de concilier un accouchement comme à domicile tout en étant accolé à une maternité qui permet une prise en charge rapide en cas de complications. Il y a 5 ans il n'y en avait que 9 en France, en expérimentation (pcq le retour d'expérience des autres pays c'est visiblement pas une référence valable chez nous...). Ce dispositif permettrait de répondre à une demande croissante d'accouchements plus naturels sans omettre pour autant la question sécuritaire.


Il y a eu un documentaire fascinant à ce sujet ("Faut pas pousser"), qui documente particulièrement bien tous les aspects relatifs à l'accouchement à domicile et/ou le moins médicalisé (et interventionniste) possible. C'est un drame, malheureusement, qui vient légitimer la posture de praticiens hospitaliers dont la seule préoccupation est l'intervention technique. Ce que beaucoup de femmes reprochent au système hospitalier, ce sont l'idéologie et les pratiques qui s'y déploient : touchers vaginaux intempestifs et peu (voire non) consentis, contexte général très agressif (des "BIP ! BIP ! BIP ! BIP ! BIP !" en veux-tu en voilà, forcément très propices à la détente et à la sécrétion naturelle d'ocytocine), des visites toutes les vingt minutes, des propos moralisateurs et souvent dégradants liés au choix et non-choix contraceptifs des femmes, au nombre d'enfants qu'elles ont eu et/ou projettent d'avoir, etc. En fait, à aucun moment n'est considérée la problématique des violences obstétricales (le syndrome du gynéco-violeur), pourtant loin d'être anecdotiques, et cette posture hospitalière qui ne vise qu'à prévenir l'hypothétique survenue d'un risque qui pourra de toute évidence être anéanti via l'arsenal technologique et thérapeutique à disposition (le syndrome de la toute puissance égocentrée du praticien de santé).
Il y a des accidents tragiques avec les accouchements à domicile, hélas. Il y en aurait moins si la France décidait de ne pas condamner cette pratique mais de l'inscrire dans l'écosystème général, de l'intégrer au champ des possibles (cf. les Pays-Bas, où l'accouchement à domicile est mieux encadré et loin d'être perçu comme un caprice déviant).
Et ce serait oublier que dans le système de santé institutionnel, il y a aussi des accidents, et que des femmes meurent aussi à l'hôpital et/ou en clinique. Mais bon, ça, les institutions s'en foutent, et "heureusement" que l'on compte des cas dramatiques d'accouchements à domicile...car de tels événements viennent accréditer inlassablement la posture très régalienne de la France (c.à.d. "nos institutions sont la seule issue pour mener à bien vos desseins").
P.S : les propos et arguments de Joëlle Belaisch-Allart sont de l'ordre de l'opinion "à charge", plus que de l'argument scientifiquement fondé ;
P.S 2 : la pensée éclairante (que j'adore !) d'Ivan Illich n'est jamais bien loin




+